Le syndrome de stockholm

Les flammes montent dans le ciel ébène.

La lune est plus rouge qu’elle n’est pleine.

Et je bouge pour me délivrer de ces liens.

Qu’il est bon de rentrer chez soi, après une nuit de labeur. Ma Fleur dort paisiblement sur le fauteuil au coin du feu. Les flammes bougent plus vite alors que je l’approche. Je manque de renverser une tasse de café froid qu’elle avait posée sur le bras du sofa avant de s’assoupir.

Je m’assis par terre et je l’admire. Elle a un sourire apaisé qui enjolive son visage d’ange. Je la regarde longuement.

Je libère une main et bientôt la deuxième suit,

Je me sauverai bientôt de cet endroit qui

Me rappelle tant d’où je viens.

Le livre qu’elle lisait est encore à moitié ouvert. Je le prends délicatement de sa main, le ferme et le pose sur la table basse. Je n’ai pas sommeil. Je pourrais rester des heures à la regarder. Une étincelle s’envole du foyer et danse. Je la vois glisser dans l’air, insouciante, tranquille. Elle finit par s’écraser sur la moquette brune. Ma Fleur, imperturbable, ne bouge pas. Posée près de la cheminée, une guitare.

La boue salit mes mains froides et abîmées

Je délie les nœuds des cordes à mes pieds.

Je regarde autour de moi sans faire de bruit.

Je joue une sérénade. La chanson préférée de Fleur. Elle commence lentement à se réveiller. Son teint mate me fait penser à cette neige que je n’ai jamais touché, et ses cheveux noirs, au charbon que j’ai tant connu. Elle ouvre les yeux… et crie. Je me jette sur elle pour mettre mes mains sur sa bouche. Je lui dis de se taire, que tout va bien se passer. Elle résiste.

La personne qui m’a enlevée creuse un trou

Des larmes coulent encore sur mes joues.

Mais ce jour ne sera pas le dernier de ma vie.

C’est à regret que je dois te ligoter et te bâillonner. J’étais tellement sûre que tu serais heureuse de me voir. Certes je te connais, mais te souviens-tu de moi ?

Je me lève d’un pas hésitant, je titube encore

Les séquelles d’une rencontre avec la mort.

Je suis tombée amoureuse de toi, cette nuit où tu m’as enlevée, tu étais sur le point de m’enterrer vivante dans mon jardin, mais je ne t’en ai pas voulu, je me suis enfuie, je t’ai aimée. Tu as été cette femme que je désirais, cette mère qui me manquait. Aujourd’hui c’est à moi de te séquestrer, pour qu’à ton tour tu comprennes ce qu’est que ce sentiment de liberté quand on est prisonnière.

C’est à regret que je m’enfuie de ton contrôle

Je te retrouverai, je t’en donne ma parole